i©onos vous fait part ici de ses coups de cœur et rencontres avec ceux et celles qui saisissent l'ordinaire et l'extraordinaire au quotidien.
Nicolas Job
L'un des spécialistes mondiaux de la photographie du secteur maritime, du monde sous-marin aux parcs éoliens offshore.
Oscar Chuberre
La Bretagne est son camp de base. Photoreporter de presse, Oscar propose aussi des formations pour amateurs et professionnels.
J.M. Seveno
Photographe animalier, Jean-Marie est un témoin privilégié de la nature.
Pascal Desroche
Photographe privilégiant la magie du quotidien. Il regarde et capture les lumières de la Ria d'Etel comme personne.
Roselyne Belz
De l'Œil à la Plume, Roselyne est créatrice de contenus rédactionnels et / ou photographiques.
Lauriane Bieber
Traductrice et rédactrice indépendante, Lauriane se lance dans la photographie professionnelle.
Michel Monsay
Vidéaste et photographe spécialisé en événementiel, en reportage sur le terrain ou en entreprise, et en portrait.
Nicolas Job
"Une fois n'est pas coutume, j'ai rencontré Nico lorsque je travaillais pour l'Agence des aires marines protégées. D'abord autour d'un café au bar "la Presqu'île". Et ça été le début de nombreuses collaborations ! Reportages photos pour le Parc naturel marin d'Iroise, réalisation d'un court-métrage sur les AME (Aires marines éducatives) dans l'océan Pacifique...
Deux mots me viennent en tête pour le présenter : passionné et passionnant. Tellement passionné par son métier qu'il en est passionnant : il pourrait vous parler pendant des heures de ces aventures sur ces éoliennes offshore !
Les algues ! Il a créé une base de données unique (http://database.seaweed-biodiversity.org/) qui référence et qui illustre les algues sous toutes leurs coutures !
Les épaves ! Les épaves sous-marines en Bretagne n'ont plus de secret pour lui : je me souviens encore de sa conférence à Océanopolis sur le sujet -j'ai même eu le droit à un autographe ce soir-là ! ;-)
Bref, vous l'aurez compris, c'est un immense plaisir que de discuter avec lui ! Bon, ben maintenant il est en Nouvelle-Calédonie, alors c'est plus compliqué... mais pas impossible !"
Passe de Boulari, Nouvelle-Calédonie
AEL, 369ième raie Manta identifiée en Nouvelle-Calédonie
Ce jour-là, j’avais organisé une plongée sur les raies Manta, sur un site tout proche de Nouméa, au niveau de la passe de Boulari. Les conditions étaient parfaites : peu de courant, très bonne visibilité et peu de houle en surface.
Dès le début de la plongée, les raies sont apparues, tournant autour de nous en se nourrissant du plancton sortant de la passe. D’abord une, puis deux, trois et très vite, ce sont sept raies Manta qui tournaient autour de nous.
Puis, est apparue cette raie Manta, pas comme les autres. Pourquoi ? Parce que c’était la première fois qu’elle avait été observée sur ce site bien connu des plongeurs calédoniens !
De retour sur Nouméa, j’ai envoyé les photos et séquences vidéos réalisées à Hugo Lassauce, chercheur et spécialiste des raies Manta de l’association Initiative Manta en Nouvelle-Calédonie. En observant ses tâches sur son corps, Hugo m’a appris que cette raie n’était pas identifiée parmi les 368 qui l’étaient déjà !
J'ai eu cette chance d'être le premier à observer sa présence et Hugo m'a gentiment proposé de lui donner un petit nom. Voici donc Ael, car, "ael" veut dire "ange" en breton ... et surtout, AEL ce sont les initiales de mes trois enfants !
Nicolas Job
Thorntonbank, Belgique
Une journée de maintenance en haut des éoliennes offshores
C'était fin novembre 2016. J’avais été contacté pour réaliser un reportage sur la maintenance des éoliennes offshore. Ce reportage était programmé sur le parc éolien de Thorntonbank, en face de la petite ville d’Ostende, en Belgique. Thorntonbank, c’était le premier parc éolien offshore dont j’avais suivi la construction. J’aimais bien ce parc et l’équipe chargée de sa maintenance. J’avais besoin de belles conditions météo pour mettre en avant ce travail exceptionnel que font les techniciens, ces gens de l’ombre, sur ces énormes machines. Mais au mois de novembre, en mer du Nord, les conditions météo étaient plus que incertaines…
Trois jours avant, je recevais un mail m’annonçant mon intervention pour le mardi suivant. Le lendemain, j’entamais les 1200 km qui séparaient Brest à Ostende. Les conditions étaient mauvaises, nuageuses : le reportage ne s’annonçait pas sous les meilleures conditions.
Et puis le jour J : un grand ciel bleu sans nuage, durant toute la journée ! Ce qui nous a permis avec Jurgen Dumon de faire le tour de toutes les opérations réalisées en maintenance sur les éoliennes et sur la sous-station électrique qui recueille le courant du parc. Une très belle journée, qui s’est terminée par un magnifique couché de soleil sur Thorntonbank.
Nicolas Job
Atoll de Beautemps-Beaupré, Nouvelle-Calédonie
Tortue verte juvénile reprenant sa respiration
Nous avons tous en tête ces images de petites tortues qui courent sur le sable chaud, à éviter le moindre prédateur et finir par rejoindre l’océan. Mais quand c’est ton métier, tu te dis que, peut-être un jour toi aussi, tu réaliseras ces prises de vues !
J’ai commencé à m’intéresser aux tortues marines grâce à l’association Bwära, en Nouvelle-Calédonie, association qui protège les tortues et leurs sites de ponte sur le littoral de Bourail. Que ce soit la ponte ou les émergences, les spectacles auxquels j’avais assisté m’avaient émerveillé !
Quelle énergie dans ces tout petits bouts de vie qui, quelques minutes après leur naissance, savent déjà creuser pour remonter à la surface du sable, courir sur la plage où chaque brindille est un obstacle, éviter les prédateurs, puis nager sans relâche vers le large !
En fin d’année 2021, j’ai été contacté par la Gouvernement de Nouvelle-Calédonie pour réaliser un reportage photo sur la mission à Chesterfield et Entrecasteaux, consacrée au suivi des tortues marines au sein du Parc naturel de la mer de Corail.
Au mois de janvier 2022, c’est l’ONG WWF qui me contactait à leur tour pour réaliser une série de photos sur le balisage des tortues vertes de l’île de Héo, l’île principale de l’atoll de Beautemps-Beaupré.
Et c’est sur cette île, lors d’une émergence de jour (ce qui est plutôt rare), que j’ai pu réaliser cette photo. C’est l’une de mes photos sous-marines préférées, probablement dû à la détermination qu’on peut apercevoir dans les yeux de l’animal, à peine sorti de l’œuf.
Nicolas Job
Mer d’Iroise, Bretagne
Plongée sur l’épave du Drummond Castle à Ouessant
Parmi la centaine d’épaves sous-marines sur lesquelles j’ai pu plonger en Bretagne pour écrire mon livre, celle du Drummond Castle restera ma préférée !
Ce paquebot, long de 110 mètres, a sombré en 1896, en plein chenal du Fromveur, où se trouve l’un des plus puissants courants de la mer d’Iroise. Sa position géographique ainsi que sa profondeur (-64 mètres) en font une plongée difficile à organiser : prévoir une météo clémente, des petits coefficients, pas de houle, une très bonne équipe en surface pour gérer les paliers dérivants et un matériel révisé au top.
Alors forcément, quand la visibilité est au rendez-vous et qu’on arrive à trouver l’un des derniers hublots présents sur l’épave pour faire une photo, on ne peut être que ravi de cette plongée !
J’apprécie d’autant cette photo que le hublot est en parfait état, bien colonisé par une faune fixée colorée, et abrite, à l’intérieur un petit tourteau…
Nicolas Jo
Mer d’Iroise, Bretagne
Embarquement à bord du bolincheur Lycia
La région Bretagne m’avait contacté pour la refonte de leur photothèque illustrant le secteur de la pêche. Après avoir identifié les différents navires et pêches pratiqués en Bretagne, je me suis lancé dans l’aventure. Ce jour-là, j’avais rendez-vous en fin de journée à Douarnenez avec le patron pêcheur du Bolincheur Lycia, Stéphane Bévin, pour des prises de vue sur la pêche de la sardine. La météo était mauvaise et l’incertitude sur l’état de la mer au large ne permettait de pêcher qu’à l’intérieur de la baie de Douarnenez, avec un retour prévu vers 21h.
Le premier banc de poissons pêché était composé de dorades, mais pas assez pour remplir toutes les cales. Les coups de pêche qui suivirent n'étaient pas plus fructueux. Vers 21h, Stéphane décida de quitter la baie pour aller tenter sa chance au Sud de l’archipel de Molène : c’était parti pour une nuit en mer. J’ai pris cette photo lorsque nous faisions route vers l’archipel de Molène. La pêche a duré toute la nuit. Vers 4 heures du matin, les cales pleines, le bateau rentrait à Douarnenez ; le jour se levait...
J’ai effectué une quinzaine d’embarquements pour réaliser cette série de reportages photo sur la pêche. De ces expériences inoubliables, je retiens l’extrême difficulté des conditions de travail de ce métier, qu’on oublie très souvent lorsqu’on consomme le fruit de ces pêches.
Nicolas Job
Monts sous-marins d’Antigonia, Nouvelle-Calédonie
Rencontre inattendue avec les baleines à bosse
J’embarquais à bord de l’Amborella, le navire du Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, pour aller photographier et filmer, en drone, les regroupements de baleines à bosse sur les monts sous-marins du Parc naturel de la mer de Corail. L’un des plus connus était Antigonia, situé à 70 Miles Nautiques au Sud de l’île des Pins.
Le navire Amborella assure la logistique pour les études scientifiques menées au sein du Parc ; c’était ma première mission à son bord. La plongée n’était pas prévue, ni même autorisée. Napoléon, le commandant de bord me l’avait dit à l’embarquement : “Nicolas, tu ne plongeras avec les baleines que si elles arrivent vers le bateau et y restent à proximité“. Une certitude, c’est que c’était quasiment improbable.
Mais tous les matins, mon appareil photo était installé dans son caisson, batterie pleine et carte vide, prêt à être immergé. La journée, entre les vols de drone, j’accompagnais les scientifiques en annexe qui allaient à la rencontre de ces géants des mers, pour les identifier et réaliser des biopsies, c’est-à-dire des prélèvements de peau en vue d’analyses futures d’ADN.
Un après-midi, alors que les scientifiques étaient partis tout seuls, je restais avec l’équipage à bord de l’Amborella. Vers 17h, ce sont d’abord 2 baleines, puis 4 qui se rapprochèrent du navire. Très rapidement, je savais que c’était le moment de se mettre à l’eau. La rencontre avec ces géants des mers était imminente ! Manu, le second du navire, m’accompagnait. La visibilité en plein océan était démente ! Les baleines sondaient à tour de rôle jusqu’au plus profond pour ensuite remonter jusqu’à la surface, en nous frôlant de quelques mètres. Ces baleines, venues à notre rencontre, semblaient être contentes de partager ce moment avec nous.
C’était pour nous magique. Deux heures passées avec ces animaux tendres mais tout aussi imposants.
Nicolas Job
Borkum Riffgrund One, Allemagne
Construction du parc éolien offshore
En 2010, j’ai créé mon entreprise dans l’audiovisuel et les énergies marines, HEOS Marine. J’avais vu, quelques semaines plus tôt sur une web TV, deux journalistes perchés en haut d’une éolienne offshore, contemplant ce paysage qui s’offrait à eux. Ce reportage m’avait laissé sans voix. Quelle sensation pouvaient ils éprouver sur ces structures en pleine mer, à 100 mètres de haut ? L’éolien offshore était devenu un objectif : il fallait aller voir de plus près !
J’ai réalisé ce reportage avec l’une des principales entreprises en charge des constructions d’éoliennes en mer, l’entreprise danoise A2Sea. Leur navire, le Sea Installer, était l’un des fleurons dans ce domaine.
Accéder aux endroits les plus confinés, comme ici, sur le toit de l’éolienne, est un vrai challenge : avoir les bonnes autorisations, écouter les conseils des techniciens spécialisés qui sont présents, savoir être discret et rester très prudent, pendant toutes les phases de construction. Mais je connaissais ce type de chantier, pour y avoir été plusieurs fois. J’avais leur confiance.
Les étapes de construction ont souvent lieu la nuit, car le vent, plus faible, permet d’aligner les étapes de construction. On voit sur cette photo, l’arrivée d’une pale (environ 30 tonnes) portée par la grue principale du navire. A l’extrémité de cette pale, on retrouve 180 boulons, d’environ 2 cm de diamètre, qui doivent ensuite entrer simultanément dans chacun des 180 trous présents sur le Hub de la nacelle. L’opération, supervisée par le grutier et les techniciens dans la nacelle, est minutieuse. Si la pale est enclenchée alors que les boulons ne sont pas en face des trous, c’est toute la nacelle qui récupère l’impact de la pale et résonne dans un bruit sourd sur plusieurs secondes.
C’était un moment unique de se retrouver en haut de ces éoliennes, de pouvoir voir de très près la construction de ces géants d’acier et d’observer le professionnalisme des techniciens sur ces opérations où la moindre erreur n’est pas envisageable.
Nicolas Job
Nouméa, Nouvelle-Calédonie
L’évènement de l’année, la ponte du corail
La ponte du corail est un moment rare et magique ! J’avais été contacté par une boite de production japonaise pour réaliser un tournage sur la ponte du corail en Nouvelle-Calédonie. La période de ponte est généralement connue des spécialistes, à quelques jours près. Cette année-là, le jour prévu était le 17 novembre.
Pour réaliser ces images, nous avions trouvé un site avec de beaux coraux branchus. L’objectif de notre petite équipe était de faire des rotations sous l’eau de 21h à 23h, à l’affût du moindre signe de ponte. Mais après plusieurs rotations, toujours rien.
Le lendemain, l’équipe, plus motivée que jamais, se remettait à l’eau. Les premiers œufs sont apparus dès 21h, pour constituer, trente minutes plus tard, une constellation de petits points lumineux sous l’eau. Comment ces coraux pouvaient tous se synchroniser, ce même soir et quasiment tous à la minute près ? Le spectacle était fascinant.
Nicolas Job
Ile de Huon, atoll d’Entrecasteaux, Nouvelle-Calédonie
Ponte de tortue verte
L’île de Huon, au Nord des atolls d’Entrecasteaux, est un endroit magique.
Le navire Amborella, en mission à Entrecasteaux, nous y avait déposé pour la nuit. Cette île, longue de 7 km, accueille tous les soirs durant les mois de décembre à janvier, environ 300 tortues qui viennent pondre.
Nous étions trois : Laura, spécialiste des oiseaux marins et membre de la Société Calédonienne d’Ornithologie ; Michel, un excellent cameraman de la chaîne de télévision Calédonia et moi-même. L’objectif était multiple : compter les traces de tortues venues pondre la nuit, étudier la population d’oiseaux présents sur l’îlot et réaliser des séquences vidéos et photographies de ce site classé en réserve naturelle.
En fin de journée, alors que j’avais quitté le bivouac pour photographier les oiseaux de la pointe Nord de l’île, j’aperçus cette tortue monter sur la plage. Tout doucement, je me suis approché, sans la déranger. L’approche a duré une bonne heure, au cours de laquelle elle a pu creuser son trou et commencer la ponte.
La ponte des tortues se fait généralement la nuit, lorsque le sable est plus frais. J’avais ce jour-là la chance de voir ce spectacle en fin de journée, ce qui m’a permis de prendre cette photo avec une très belle lumière, celle du soir. Les œufs remplissaient le trou au fur et à mesure et ma fascination était totale !
Après presque 4 heures 30 d’observation, il était temps de rentrer au bivouac où Michel et Laura m’attendaient pour passer l’appel satellite à l’Amborella et confirmer que tout allait bien.
Le soir, les alentours du campement ressemblait à un champ de bataille ; il y avait tout autour de nous des tortues… venues pondre !
Nicolas Job
Horns Rev I, Danemark
1er parc éolien offshore de 100 éoliennes
J’avais rendez-vous à Lorient, un matin de janvier 2011 avec une boite spécialisée dans l’éolien offshore. Je leur présentais mon travail : réaliser des reportages photos et films sur la construction des parcs éoliens offshore. Au bout de quelques échanges, j’ai eu droit à cette question “Tu connais Horns Rev I ?“
Je savais que c’était au Danemark, le premier parc éolien offshore composé de 100 éoliennes, mais je n’y étais jamais allé. 6 mois plus tard, j’embarquais pour réaliser un film promotionnel danois, dans lequel j’avais inclus des prises de vues par hélicoptère sur ce fameux parc d’Horns Rev I. Nous avions rendez-vous à Esbjerg, ville spécialisée dans la logistique de l’éolien offshore, située sur la côte Ouest du Danemark.
Le matin se levait sous un ciel voilé de mer du Nord. Sur le petit aérodrome stationnaient deux hélicoptères, l’un pour nous et l’autre pour une équipe de maintenance. Nous avions l’opportunité exceptionnelle de suivre (en hélicoptère !) une intervention de maintenance (par hélicoptère !) sur ces éoliennes.
Après un briefing complet entre les deux pilotes, l’hélicoptère décollait pour un vol d’une dizaine de minutes ; ces éoliennes, dont on m’avait tant parlé, se dévoilaient. L’impression de gigantisme était là, nous qui étions tout petits à bord de notre hélicoptère.
Mettre en avant ces équipes de maintenance, qui travaillent souvent dans l’ombre, est pour moi un aspect important dans la communication d’entreprise. En janvier 2021, 10 ans plus tard -jour pour jour-, cette photo a reçu le 1er prix photo de la prestigieuse association de maintenance, l’European Federation of National Maintenance Societies (EFNMS).
Nicolas Job
Lifou, Nouvelle-Calédonie
Le Nautile, le petit fossile vivant
C’était l’un de mes rêves en arrivant en Nouvelle-Calédonie : filmer et photographier les nautiles dans leur environnement naturel.
J’avais entendu parlé de cette espèce endémique et quelques mois plus tard, nous entamions les préparatifs d’une expédition consacrée au petit animal. Les fonds sous-marins de l’île de Lifou nous apparaissaient les plus adaptés pour l’apercevoir.
Le "Bounty", catamaran de 14 mètres, nous servait de base pour l’expédition. Nous étions six à son bord. Les démarches coutumières réalisées, nous entamions nos recherches : deux plongées le jour et une la nuit durant la première semaine, puis une plongée le jour et deux la nuit ensuite.
L’animal se faisait rare. Mais tous les soirs, nous plongions avec la même envie.
Notre récompense arriva l’avant-dernier soir ! 30 minutes après m’être immergé, le faisceau de mon phare croisa l’animal : il avançait droit, déterminé, vers son objectif. Sa détermination était incroyable, surnaturelle. J’avais déjà en tête tous les plans à réaliser et je commençais à mitrailler. Mais quelle fascination devant ce petit être fossile ! Lui qui semble sortir de nulle part et dont l’aspect n’a que très peu évolué depuis 500 millions d’années ! Comment a-t-il survécu aux différents épisodes climatiques qu'a connu notre planète, alors qu’une modification de 2° de la température des océans va entraîner un dérèglement général ?
Ce petit animal restera pour moi une rencontre des plus exceptionnelles.
Nicolas Job
Oscar Chuberre
"J'ai rencontré Oscar lorsque nous travaillions pour l'Agence des aires marines protégées, à Brest. Il a voulu contribuer à l'enrichissement de la Médiathèque en me partageant
quelques-unes de ses images. Je me souviens encore de sa photo en plan serré d'un petit gravelot à collier interrompu qui a servi à l'illustration de supports de communication (ainsi que de fonds d'écran pour ma collègue Sandrine !)
Puis Oscar a persévéré dans cette voie... celle du photographe, du photo-reporter même ! A travers les 11 histoires qu'il nous propose aujourd'hui, Oscar soulève, sans filtre, les beautés et les déboires de son métier. Lisez-le jusqu'au bout, c'est passionnant !"
La joie de l'aventurier
C'est le genre d'image que je n'aurai pas pu faire si je m'étais contenté d'accepter un refus. L'arrivée publique de Guirec Soudée après sa traversée de l'Atlantique à la rame n'ayant été organisé qu'au dernier moment, c'était la confusion pour les accréditations. Je suis donc arrivé sur le port en demandant un chargé de relation presse, afin de bénéficier en dernière minute de l'accès aux pontons pour avoir des images rapprochées. Après que l'on m’aie baladé de contacts en contacts et de refus en refus, j'ai finalement réussi que quelqu'un m'ouvre l'accès à la dernière seconde. Son arrivée et son débarquement étaient forts en émotions, et j'aime ces images sur le vif.
Oscar Chuberre
Dark Castex
C'était lors d'une visite pluri-ministérielle à l'Ifremer de Brest, et aussi ma première accréditation en 'pool presse' à ce genre de cirque, très intéressant à observer par ailleurs. Après avoir assuré les photos classiques, j'ai voulu tester d'autres regards et d'autres rendus en jouant avec les ombres et les lumières qui étaient très contrastées dans la pièce. C'était à la période des annonces de restrictions sanitaires et celle-ci représente bien ce pouvoir je trouve. Une photo d'une autre ministre ce jour là a été publiée dans un article du journal Le Monde.
Oscar Chuberre
Principe Actif
Pour ma série sur le sujet de l'utilisation des principes actifs issus de plantes dans la pharmacopée occidentale, j'ai shooté en mode 'packshot' certaines plantes. Je fais ce genre de shooting chez moi, dans mon salon. C'est aussi le cas sur les shootings pour mon futur livre de reconnaissance et de recettes de plantes sauvages. A ces occasions, je mets alors un sérieux bazard dans la pièce pendant une bonne demi-journée, au grand désespoir des personnes qui vivent avec moi !
Oscar Chuberre
Le Berger des îles
Il est intéressant de noter qu'en photoreportage, il n'y a pas forcément besoin de partir à l'autre bout du monde couvrir la guerre pour faire un bon sujet. Mon sujet sur le berger des îles a été pré-sélectionné pour un grand festival photo et intéresse plusieurs iconographes. Il a été réalisé à quelques kilomètres de chez moi, avec un ami d'ami. Et le sujet de Jeremy Lempin sur Peyo, primé au festival de photo-reportage Visa pour l'Image cette année en est aussi la démonstration. Par ailleurs, j'essaye personnellement d'équilibrer sujets 'positifs' et sujets de crise sociale.
Oscar Chuberre
Besoins essentiels
Je réalise en fil rouge, une série un peu plus 'artistique', sur le retour à la nature, la féminité, et le lien sacré pour certaines personnes entre ces deux thèmes. Plus je l'avance, plus je réalise que cette série prend un écho particulier avec l'actualité : la mode du développement personnel, le besoin de retour à une vie simple, le besoin de grands espaces, l'exode urbain actuel, etc. Cette photo a été prise quasiment en une seule prise avec quelqu'un qui est très spirituellement connectée à la nature.
Oscar Chuberre
L'Everest des cyclistes
J'ai suivi cette course-épopée (100 cols alpins en 10 jours!!!) en tant qu'aide logistique, et j'en ai profité pour faire un reportage. La proximité avec les coureurs m'a permis de réaliser quelques beaux clichés hors route. Au briefing ce matin du 7ème jour, les corps étaient épuisés avant même de commencer, et le mental variait : certains avaient un regain de confiance en voyant qu'ils avaient fait les ¾, d'autres étaient à la limite d'abandonner. Ce gars-là avait 65 ou 70 ans -je ne sais plus exactement-, et est un des rares à avoir fini la course. Impressionnant.
Oscar Chuberre
Le retour du commerce à la voile
Un jour, en ouvrant une tablette de chocolat, je découvre par surprise sur l'emballage, une de mes photos. Il s'agit d'un cliché réalisé à l'occasion d'un reportage sur le départ du premier voilier-cargo construit depuis plus d'un siècle. Comme c'était la seconde fois que l'entreprise utilisait sans autorisation une de mes images, j'ai envoyé une facture plus salée que leur chocolat au caramel au beurre salé, même si c'est une entreprise que j'affectionne. Quand on est photographe
indépendant, il faut aussi savoir être vendeur, comptable, communicant, responsable client, etc. C'est, je trouve, le plus difficile dans ce métier.
Oscar Chuberre
Stormtroopers de la république française
C'était ma première couverture de grande manifestation, et c'est assez impressionnant à vivre. > Voir la vidéo de la manif en caméra embarquée que j'ai réalisée pour sentir l'ambiance lors de ce genre de reportage :
https://www.facebook.com/oscarchuberrephotography/videos/420127095688986
J'ai aussi été sidéré par le nombre de photographes présents : on se marchait dessus.
Oscar Chuberre
L'envers de la carte postale
Ce reportage à Belle-île traite de l'impossibilité de se loger sur l'île à l'année depuis la flambée immobilière post-covid. Le reportage a été réalisé dans un soucis de réduction de mon impact carbone : 2 trajets sur 4 en voilier, et sur l'île : vélo ou stop. Le stop et les réseaux sociaux m'ont permis de rencontrer une foule de personnes à qui je n'aurais pas eu accès sinon. Cette famille-là, comme d'autres, m'ont entrouvert les portes de leur vie et m'ont confié leur histoire. On se sent un peu responsable ensuite de porter cette histoire jusqu'à sa publication dans un journal. Libé l'a publiée (Se loger à Belle-Ile-en-Mer, le calvaire des insulaires).
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Oscar Chuberre
Surftherapy
C'est un reportage qui me tient à cœur depuis plusieurs années, sur les bienfaits physiques et psychiques du surf. Ici, auprès d'un public handicapé. C'est fascinant de voir l'énergie déployée par ces personnes et autour d'elles pour surmonter un handicap, et la joie qu'ils trouvent dans les vagues une fois qu'ils ont surmonté leur peur. Cette photo a failli me coûter un boitier d'appareil photo ! Après quelques plans aquatiques à la gopro j'ai aussi voulu sortir le reflex, immergé dans l'eau jusqu'à la taille, sans caisson aquatique. Juste après, une vague m'a bien évidemment trempé mon matériel...
Oscar Chuberre
Ces nouveaux chamanes
En 2019, j'ai organisé mes premiers 'vrai' reportages (=construit, documenté, et pensé pour être vendu par la suite). Il s'agissait d'un sujet sur l'artisanat du cuir de poisson et d'un autre sur les neo-chamanes, tous les deux réalisés en Islande. Mais deux jours avant mon retour, j'ai entreposé tout mon matériel dans ma voiture, pour éviter de le laisser dans l'auberge de jeunesse où je logeais et où il y avait à mon goût trop de passage. Le lendemain matin, j'ai retrouvé ma voiture braquée et je
m'étais fait tout volé. Boîtier, objectifs, ordinateur, disques durs de sauvegarde... J'étais effondré, plus par la perte des images que par la perte du matériel. Je n'ai récupéré que quelques clichés envoyés par mail durant mon séjour. J'ai failli abandonner la photo ce jour-là. Mais il y a eu une grande solidarité qui m'a permis de me racheter du matériel. Et quand on aime quelque-chose, ça ne vous lâche pas si facilement:) Depuis, j'ai une assurance, je multiplie les sauvegardes, et je ne laisse jamais mon matériel sans surveillance.
Oscar Chuberre
Jean-Marie Seveno
" J'ai découvert le travail photographique de Jean-Marie grâce à Roselyne. Qui est Roselyne ? Hey, regardez plus bas les actus et vous la découvrirez aussi ;-) et j'ai été subjuguée. Vraiment ! Cette vie sauvage des grands espaces est passionnante et intrigante. La patience qu'il faut pour obtenir le ou les clichés espérés (parfois tant rêvés) est admirable... Suivez cet amoureux de la nature où bon vous semble : sur Insta, Facebook, mais suivez-le."
Ours polaire - Svalbard - Arctique
Des ours polaires, j’en ai vu des dizaines. Les bons clichés ne sont néanmoins pas nombreux. Quelque soit l’espèce, si je reviens avec une bonne image sur 200 clichés, c’est un bon ratio. Je dois être exigeant !
En nature on ne choisit pas, on ne maitrise pas tout, d’où l’importance d’être concentré, savoir patienter des heures et en même temps être très réactif pour ne pas passer à côté de la scène qui retiendra les esprits. Je souhaitais obtenir cette lumière en pourtour de fourrure. Cela ne suffisait pas, il fallait une patte en l’air pour suggérer le mouvement. La difficulté réside ici que je suis sur une frêle embarcation et que je photographie à main levée, balloté par le flot de la marée.
Jean-Marie Séveno
Chevêchette australe - Patagonie - Chili
En me rendant en Patagonie, mon objectif principal était d’observer des pumas. Je m’y suis rendu à 5 reprises. À chaque fois mes expériences ont été couronnées de succès. Néanmoins, je rêvais secrètement de voir la chevêchette australe, petit rapace nocturne pas plus gros que mon poing. C’est au 3ème séjour que j’ai eu ce privilège… je suis donc resté plusieurs heures avec elle pour obtenir ce cliché. En arrière-plan la colline couverte de givre est masquée par de la brume, conférant à cette image une ambiance laiteuse tant souhaitée et typique de ma « patte »
photographique.
Jean-Marie Séveno
Ours Kermode - Colombie Britannique - Canada
L’ours Kermode est un ours noir. Il n’est pas albinos, il est porteur d’un gêne récessif qui confère une teinte jaune - crème à sa robe. Il n’y en a que 350 - 400 au monde, principalement présents en Colombie Britannique. J’étais heureux de ce séjour : d’abord parce que cet individu était indifférent à ma présence, mais aussi parce que j’étais satisfait de cette image réalisée en pose lente (merci à l’ours d’être resté immobile) et puisque j’étais dans mon élément, dans le sauvage, qui plus est au Canada, l’une des terres qui me parle le plus.
Jean-Marie Séveno
Baleine à bosse - Colombie Britannique - Canada
Ce jour-là, il y avait quelques 15 baleines qui évoluaient dans les fjords. J’ai pu faire des centaines de photos : le mammifère est facile à saisir. Pourtant, mon focus était de représenter toute la puissance de l’animal dans la douceur des flots. Deux paramètres étaient nécessaires : être assez proche de la baleine et avoir en toile de fond un environnement relativement monochrome. Pour le reste, choisir les bons réglages de l’appareil.
Jean-Marie Séveno
Panthère des neiges - Himalaya - Inde
La panthère des neiges est considérée par beaucoup de photographes animaliers comme le graal absolu… personnellement, c’est notion de coche, de dire « j’ai fait telle ou telle espèce », ne m’importe absolument pas. Ce qui m’intéresse est la phase de recherche, l’attente. J’ai pu photographier plusieurs individus, parfois assez proches. C’est pourtant celle-ci que j’affectionne : l’animal dans son environnement, la panthère telle que je l’avais imaginée, souvent invisible, qui se découvre pour explorer son territoire à la recherche de nourriture.
Jean-Marie Séveno
Puma - Patagonie - Chili
Une image que je souhaitais mais que je n’espérais. Malgré la préparation pour atteindre mon objectif, je savais que voir un puma allait être compliqué. Et puis un matin j’en observe un. Je le suis à distance, le contourne et espère qu’il longera une petite colline. Il le fait. Je m’allonge pour attirer sa convoitise. Il s’approche, je réalise ce cliché, je me relève ; il s’approche à 12 mètres, bifurque sur ma gauche et s’assoit. Moment suspendu ; je me sens en phase avec les éléments.
Jean-Marie Séveno
Horizons suspendus
Le nouveau livre de Jean-Marie Séveno est une plongée secrète dans le monde sauvage à la recherche de la panthère des neiges et du discret puma des Andes. C’est également la rencontre des rares et méconnus ours Kermode et loup côtier.
Pour en savoir plus : https://jean-marie-seveno.fr/produit/horizons-suspendus/
Pascal Desroche
"En déménageant avec ma petite tribu dans le Morbihan, j'ai fait la rencontre de Pascal. Nous avons longuement échangé sur nos métiers respectifs, notre passion commune pour la photo...
Contemplatif, amoureux des ondes et de l’énergie vibratoire, la Bretagne est son terrain de jeu. Mieux encore : la Ria d'Etel est devenue son écrin. La Ria d'Etel est devenue ma voisine."
AquaCosmos
Un matin, j'entre les bras chargés dans le lieu ou j'expose pendant quelques semaines à l'étage de la boutique. Au rez-de-chaussée des gens sont là, je coupe mon élan pour dire bonjour. En haut de mon chargement, il y a une housse posée à plat, contenant mon ordinateur portable et un disque dur externe. La housse est ouverte vers l'avant et lorsque je stoppe mes pas, je vois le disque dur continuer la marche et opérer très naturellement une chute libre en direction du carrelage et mon bonjour est prolongé par le bruit détestable d'une coque de plastique rigide qui éclate au sol.
Respiration profonde pour rester zen sur ce coup du sort. Le disque est mort, impossible de récupérer les données il faudra passer par une salle blanche de labo, opération coûteuse. De retour chez moi, je parcours les autres disques pour vérifier les sauvegardes que j'ai faites… ou pas. Et c'est là que je retombe sur cette photo, réalisée un an et demi plus tôt et complètement passée à l'as. Une découverte qui prend les habits d'une révélation. Je me rappelle le jour de la prise de vue, grand soleil presque au zénith pour profiter d'une lumière verticale qui pénètre sous la surface afin de faire vivre les couleurs végétales dans les contre courants. Il fallait pouvoir déclencher rapidement pour ne pas donner trop de place aux reflets du soleil, mais pas trop vite non plus pour conserver un peu de lumière sous la surface. Lumière que j'ai légèrement accentuée en post production.
Pascal Desroche
Chère Amie
Fin d'après-midi de printemps, en route vers la pointe de la vieille chapelle à Sainte Hélène, Morbihan, je me fais arrêter par le paysage de l'anse qui suit la chapelle Kerdavid. Marée haute, vent calme, la lumière dorée qui habille le plan d'eau est magnifique. Parfois, un poisson vient générer une onde de remous à la surface qui permet d'ajouter un peu de graphisme au décor, mais ça reste un peu trop discret. Alors je décide de générer le remous moi-même, à l'aide de galets, il y en a quelques uns sur la plage.
J'aimerais une belle gerbe cristal dans cette ambiance mordorée. J'ai identifié la distance à laquelle je dois lancer le galet. Comme ça, je peux déjà figer la mise au point sur mon boitier. Parce que laisser l'auto focus décider de la mise au point sur des particules d'eau en mouvement, ce n'est pas une bonne idée. Il arrive parfois qu'on ait sous les yeux une image magnifique et l'appareil photo ne veut pas déclencher parce qu'il ne parvient pas à faire le focus. Très agaçant. Donc mise au point manuelle, je sais à peu prêt ce que je veux comme cadrage, je sais qu'il faut une vitesse de déclenchement rapide pour figer l'éclatement de l'eau. Je veux aussi un peu de profondeur de champs pour limiter les risques de flou si je ne lance pas à l'endroit précis.
Il faut aussi que le galet monte suffisamment en l'air pour que j'ai le temps de cadrer et déclencher. Après une dizaine d'essais, la voici, Chère Amie, parce que j'avais envie d'écrire un mot pour les belles âmes qui viennent se nourrir de sérénité le long des rives d'ici.
Pascal Desroche
Record SNSM
2008, je participe à la nouvelle édition du record SNSM (Saint-Nazaire, Saint-Malo), un événement qui m'a séduit en 2007 pour la première fois. Je m'y étais rendu par curiosité et avais publié sur mon site web le soir même une série de clichés qui me vaut d'être mandaté par l'organisation en tant que photographe de l'évènement cette année. Je leur propose de faire une mise en scène au sol pour une prise de vue en hauteur. A l'époque, il n'y a pas de drone et l'organisation me propose d'installer une nacelle de 14m de haut. 14m c'est beaucoup eu égard à ma relation au vertige mais je veux faire cette photo. 14m c'est aussi un peu juste pour avoir le recul nécessaire permettant d'intégrer plus de 150 personnes dans le cadrage.
Pendant la semaine de l'événement, je suis logé dans les tours de 10 à 12 étages qui bordent le bassin à l'entrée sud. La veille de la prise de vue, je cherche et trouve un passage vers le toit. Au pied des immeubles, il y a un parking dégagé au bord du bassin qui me semble parfait, avec quelques bateaux de pêche à quai. Ce sera là ! Le lendemain matin, avec l'aide de Drore, une jeune stagiaire de l'organisation, de bonne heure, on commence à marquer à la craie les angles de lettres géantes SNSM sur lesquelles l'ensemble des participants vont venir prendre place. Mais un samedi matin, on n'a pas bien mesuré l'impact ! Ca se passe presque bien jusqu'à l'arrivée des anciens pêcheurs, parce qu'on est sur leur domaine, particulièrement le samedi car c'est là qu'ils se retrouvent. Ok… Je pars chercher une caisse de champagne et je reviens demander un coup de main aux pêcheurs en échange. Les gars gèrent l'opération parking vide, à l'aise. Ca rigole, ça leur rappelle des anecdotes, on m'offre des bulots, des huîtres, des crevettes, à boire.
Arrivent ensuite tous les équipages arborant leur gilet de sauvetage, je suis sur le toit avec un talkie walkie pour guider Nathalie qui gère en bas. En même temps, débarque sur le toit la fine fleur des photographes de la course au large ainsi que la presse quotidienne locale et la presse sportive. C'est bon, on peut shooter ! Il n'y en a pas un qui dira merci pour l'install. Mais j'ai fait ma photo ;)
Pascal Desroche
Roselyne Belz
"Roselyne ? Ben ça fait une décennie qu'on se connait ! Nos chemins se sont croisés sur les bancs de l'Université. Le temps passe, mais certaines relations perdurent. Quand j'ai eu besoin d'illustrer et mettre en scène mon activité de documentaliste images sur mon site web, je voulais faire appel à ses talents de photographe ! Proche de ceux et celles qu'elle photographie, elle s'intéresse à l'autre avec une grande sincérité. Créative, elle saisit avec finesse les petits détails qui l'entourent !"
Quel est notre rapport à la terre lorsque l'on vit entouré d'eau ? Lorsque l’on vient sur une île, on pense plus rapidement aux travailleurs de la mer qu’à ceux de la terre. Yvon, avec son champ de pomme de terre, a probablement une des plus belles vues de l'île de Batz. Chaque jour, il observe les visiteurs qui passent et repassent devant son lopin de terre, avant de rejoindre l'embarcadère pour Roscoff. Heureusement pour moi, il parle volontiers avec quelques-uns d’entre eux. Ce jour-là, j’étais sur l’île pour photographier une location Gîtes de France. Après une petite marche où j’ai vu l’improbable se passer : une belle averse de neige, courte mais forte, je remonte vers le bourg et échange quelques mots avec Yvon qui accepte de prendre la pause et me raconte quelques anecdotes avant de remonter dans son tracteur.
Roselyne Belz
J’ai réalisé un reportage pour la revue Il(e)S, une belle revue qui parle du quotidien des habitants des îles du Ponant. Il s’agissait de suivre les sapeurs-pompiers de l’île d’Aix et de l’île de Bréhat pendant quelques jours. Observatrice des moments festifs comme des moments de tension, on a surtout pris le temps de discuter de leur quotidien. Comment sont-ils devenus pompiers, pourquoi, les évènements marquants… mais ce qui est frappant surtout, c’est leur rapport à la communauté. Isolés du continent, certains se dévouent ainsi sur plusieurs générations, d’autres confient qu’ils ne seraient jamais devenus sapeurs-pompiers ailleurs. Pour toutes ces raisons probablement aussi, on y retrouve une proportion de femmes plus importante que sur le continent.
Roselyne Belz
Cette double casquette de rédactrice et photographe, m’amène à découvrir des profils très différents. Nan est une doctorante chinoise qui mène des recherches dans le domaine de la cybersécurité à l’Université Bretagne Sud. Lors du premier confinement, j’égrenais les interviews de chercheurs œuvrant dans ce domaine pour lequel cette université bretonne est à la pointe. Si les femmes sont moins nombreuses que les hommes dans les filières informatiques, le domaine plus spécifique de la cybersécurité semble sortir son épingle du jeu.
Roselyne Belz
Forêt de Camors un petit matin de janvier, tout est encore un peu givré. Vers la fin de la promenade ces rayons se sont mis à percer parmi les arbres offrant un spectacle mystérieux. Un ami photographe animalier me montrait quelques-uns de ses coins, on n’a vu ni chevreuil ni licorne mais ça valait le coup de s’aventurer tôt.
Roselyne Belz
Depuis 2013 je réalise des photos du spectacle d’A Portée de Chœur, une joyeuse troupe avec beaucoup de jeunes qui se regroupent tous les dimanches pendant une bonne partie de l’année pour préparer les représentations de novembre où tout est reversé aux Restos du Coeur. Chanteurs, danseurs, musiciens, comédiens, costumières, maquilleuses, etc… ils se démènent et offrent des dons très conséquents. Même cette année sans spectacle, ils ne se sont pas tourné les pouces. J’aime retranscrire l’ambiance du spectacle et fouiner dans les coulisses. Parfois cela passe par des détails comme ceux-ci pour retrouver l’émotion du moment.
Roselyne Belz
Pointe du Grouin à Cancale, le temps est brumeux, parfait pour offrir une ambiance toute particulière à la séance photo. Les promeneurs feront le reste pour mettre les mariés à l’aise et les applaudir. Les mariés ont toujours un succès fou.
Un peu touche à tout, je réalise aussi des reportages de mariages. J’ai un faible pour ces séances de couple, un temps à part, une fois le stress passé… surtout lorsque le contrôle échappe et qu’on saisit un peu de ce qui fait le lien unique entre ces deux êtres.
Roselyne Belz
Je sais que cette image peut choquer… Elle a été prise en 2017, à l’occasion d’un reportage dans une maison de retraite où je venais interviewer une infirmière. Cette main m’a frappé, cette peau si fine qui vient épouser chaque os... et à la fois cette quiétude à lire le magazine du jour. Je ne suis pas sûre qu’après ces mois d’épidémie j’aurai pris les mêmes images.
Roselyne Belz
Le Brésil a peu de voies de chemin de fer pour le transport de passagers. Il en existe cependant une bien connue et plutôt touristique au départ de Curitiba, rejoignant l’ancienne ville coloniale de Morretes. Enfin, cette voie est touristique surtout lorsque le ciel est dégagé. Ce jour-là, le ciel entendant mon goût prononcé pour les temps brumeux, m’offrit de magnifiques perspectives… bouchées ! Alors à défaut d’avoir le vertige sur la zone à flanc de colline devenue invisible, on déploie sa créativité avec ce qui est à notre portée, soit la vitre de devant. C’est exactement ce genre d’image qui m’inspire des réflexions sur la vie. Au-delà du moment saisi, j’aime lorsqu’on en oublie le contexte de prise de vue et que l’image nous raconte tout autre chose.
Roselyne Belz
Lauriane Bieber
"Lauriane, c'est une rencontre fortuite ! Tout commence avec une newsletter du Sony World Photography Organisation où je découvre qu'elle est la lauréate française du concours. Je prends contact avec elle : on échange par téléphone (et oui, la distance faisant...) et elle me fait découvrir son travail. A mon tour, de vous faire partager sa passion en images."
Post lockdown cigarette, in the cold rain of June
Ce moment était juste parfait. La pluie, la lumière, l’ambiance, toute cette euphorie.
C’était la première fois en dix ans que je retrouvais Léo que je n’avais rencontré qu’une fois lorsque j’avais dix-huit ans. C’était la première sortie post-confinement, le premier ami que je voyais après trois mois d’isolement. La première fois que je travaillais avec un modèle aussi dédié à l’art et aussi courageux. Et c’était aussi la première fois que je me suis rendue compte à quel point la photographie était importante pour moi.
C’est cette photo qui m’a conduite en première place nationale (de France) du concours Sony World Photography Awards et je n’en reviens toujours pas.
Lauriane Bieber
Projet "Your places of light"
Ligne jaune, chien jaune. Cette scène était hypnotisante. Avec ma mère, nous étions assises sur un banc de Saint-Malo. Ce chien a stoppé son chemin juste sous le lampadaire. Ayant toujours avec moi mon appareil Fuji X100F, il m’était impossible de ne pas m’en servir… Le temps était comme suspendu. Je trouve que cette photo retranscrit bien cet instant.
C’est un de mes clichés préférés parmi tous ceux que j’ai réalisés…
Lauriane Bieber
Projet "Night is not the darkest place"
Cette photo est une des premières de mon projet « Night is not the darkest place ». J’aime beaucoup les réactions des gens qui trouvent ces photos-fantômes effrayantes et inquiétantes. Ils n’ont pas idée qu’en coulisses, c’est bien plus drôle qu’effrayant. Pour l’anecdote, cette photo a été prise pendant le confinement. Moi, couchée sur le sol, le bras tendu, avec des repères pour savoir où me placer exactement. Et mon conjoint tenant la position jusqu’à ressentir une crampe au pied…
Ce projet est le seul pour lequel j’effectue plus qu’un simple post-traitement lié à la lumière et à la colorimétrie. En temps normal, il est primordial pour moi que mes photos soient au plus près de la réalité et du vrai. Pour ce projet différent, et dans la mesure où je ne connais pas personnellement de modèles fantômes, il faut bien tricher un peu…
Lauriane Bieber
Projet "Your places of light"
Une de mes premières photos de 2021. Une première en tant que modèle pour Florian, un ami devenu essentiel à ma vie. Il était hors de question pour nous de faire une séance « classique ». Nous avions discuté de quelques idées au préalable, et le résultat a dépassé nos espérances… Comme souvent, j’ai eu la chance d’avoir un modèle prêt à se salir, au sens littéral du terme. Cette journée était merveilleuse, immense soleil, de longues discussions et de grandes rigolades, un t-shirt déchiré, de la terre, une superbe lumière, une chute dans la boue pour moi, et cette photo, de et pour lui.
Lauriane Bieber
Projet "Your places of light"
Cette photo n’a subi pour seul traitement qu’une augmentation du contraste. La lumière était incroyable. La partie supérieure, le ciel, sans averse, le nuage était relativement bas, le soleil commençait à décroitre. Cette photo, j’ai beau la regarder souvent, je la trouve toujours aussi irréelle. J’adore les deux corbeaux à peine perceptibles au milieu. Ce sont les corbeaux qui nichent près de notre immeuble. Je suis contente de les avoir immortalisés, lors de leurs expériences fantaisistes dans ce ciel unique…
Lauriane Bieber
Projet "Your places of light"
J’adore l’hiver. La saison de l’ambiguïté. J’adore son ambiance, la neige, le froid, la pluie, le vent, et les doigts gelés sur l’appareil (le chocolat chaud post-shooting aussi… mais ça, c’est un secret).
Les modèles ne partagent pas tous mon amour pour cette saison… Avec Lucas, nous avons réalisé plusieurs portraits en intérieur. Cela représente un défi pour moi, qui travaille principalement en extérieur et en lumière naturelle.
J’avais déjà eu l’occasion de prendre mon cher Lucas en photo à l’époque où nous étions étudiants. Nous avons programmé cette nouvelle séance suite à sa volonté de poser nu. Une première pour lui. Une première pour moi. Et nous avons réussi à faire de très beaux clichés ensemble, dont celui-ci.
Lauriane Bieber
Projet "Your places of light"
Pendant le confinement, mon conjoint Gaël a réalisé une vidéo de son télétravail. J’en ai profité pour le photographier sur notre balcon. J’adore cette photo. D’une part parce que le modèle est l’homme que j’aime. Et parce que s’en dégage un esprit « working man », renforcé par les voitures du parking en plein air en face de chez nous. Jusqu’à cet instant, je n’avais pas encore réussi à exploiter cet arrière-plan que j’aime tellement et qui n’existera plus dans quelques semaines.
Lauriane Bieber
Michel Monsay
"Je connais Michel depuis quelques années, pour lui avoir commandé quelques reportages photos : portraits d'agents (trombinoscope), photos évènementielles et reportages terrain (tout-terrain, y compris les pieds dans l'eau !). Professionnalisme, disponibilité et discrétion, Michel sait s'effacer pour mettre à l'aise les hommes et femmes qu'il photographie, pour un rendu toujours plus authentique."
La venue du Président de la République est rare à l’Académie française, chaque Président ne vient généralement qu’une fois par quinquennat à l’occasion de la réception d’un nouvel académicien sous la Coupole. François Hollande a choisi l’écrivain haïtien Dany Laferrière pour venir assister à la cérémonie. Il est accueilli par la Secrétaire perpétuelle de l’Académie française, Hélène Carrère d’Encausse, qui quelques jours plus tôt lui a envoyé une lettre pour lui faire part de son inquiétude devant le projet de la réforme des programmes scolaires. Cette photo m’a provoqué une émotion forte, sur le moment avec l’adrénaline autour de la présence du Président, d’autant que j’étais le seul photographe à pouvoir l’approcher, à part celui de l’Elysée, mais aussi parce que c’était la réception de Dany Laferrière, que j’apprécie particulièrement. J’aime aussi les expressions de tous les personnages avec un petit sourire.
Michel Monsay
Je suis assez fier de cette photo pour l’atmosphère poétique que j’ai réussi à capter, la lumière, la pluie de confettis et Jérôme Savary, merveilleux et irrévérencieux Monsieur loyal avec son éternel cigare. Cette photo a été prise à l’occasion des 75 ans d’Air France fêtés avec faste au Grand palais. Il y avait une grosse pression d’Air France quant à la qualité des photos pour avoir un souvenir inoubliable de l’événement.
Michel Monsay
J’aime cette photo pour plusieurs raisons, l’expression mélancolique et soucieuse du collaborateur SNCF, cela change du sourire habituel pour les portraits. J’aime aussi les flous qui encadrent le personnage, notamment la locomotive en arrière-plan dont la couleur rappelle la parka du chef de projet SNCF. Cette photo a été prise à l’occasion d’un reportage pour la SNCF sur des travaux ferroviaires dans la région Hauts-de-France.
Michel Monsay
Cette photo d’un village de Dordogne a remporté un franc succès plutôt inattendu, dans la mesure où c’est une photo assez classique, mais qui peut s’expliquer par une belle lumière, les contrastes avec lesquels j’ai joué de même que les reflets et bien évidemment la beauté du site. Cette photo a été choisie par Ségolène Royal elle-même, Ministre de l’environnement de l’époque, pour illustrer une campagne de communication dans la presse en 2017 sur « Ma commune sans pesticides ». Suite à cette diffusion dans différents journaux, beaucoup de personnes ont retrouvé mon contact pour me féliciter de la photo et me demander où se trouvait ce beau paysage.
Michel Monsay
Cette photo m’a donné du fil à retordre dans la mesure où il y a eu toute une préparation en amont afin d’arriver à reproduire le logo de l’association sportive Le Tir, un club huppé du Bois de Boulogne, en disposant ses membres sur un tracé invisible au sol qui reproduisait le dessin du logo et le nom du club. Outre ce travail préparatif de calculs et de proportions pour que tout coïncide, le jour même il a fallu coordonner tous ces gens pour obtenir le résultat souhaité du haut d’une nacelle élévatrice sur laquelle j’étais perché pour prendre la photo.
Michel Monsay
Émotion forte en revoyant le grand couturier Kenzo, pour lequel j’avais une grande admiration et que j’ai photographié chez lui dans son superbe appartement où chaque détail témoignait d’une rare finesse de goût. L’émotion, je l’ai également ressentie lors de la prise de vue, Kenzo était d’une gentillesse et d’une disponibilité bien agréables. On peut avoir un aperçu sur la photo de l’élégance du personnage dans tous les sens du terme, sa tenue simple et classe, la très belle plante derrière lui, les dessins au mur, mais aussi ce que Kenzo dégage dans son attitude.
Michel Monsay